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Opera, l'espion qui venait du froid ?

16 septembre 2003

Le futur Opera 7.20 chargera les liens sponsorisés de Google pour chaque page

Google Ad dans Opera 7.20 beta 11

L'éditeur norvégien du navigateur Opera préparerait-il un remake de « l'espion qui venait du froid » ? Jusqu'à présent Opera est gratuit si l'on y accepte le renouvellement d'une bannière publicitaire, mais Opera Software teste, avec les liens sponsorisés de Google, une nouvelle source de revenus. L'introduction de cette nouvelle fonction ne va pourtant pas sans susciter les mêmes interrogations sur le fichage et le respect de la vie privée que le fonctionnement de la GoogleBar sur Internet Explorer. C'est aussi l'occasion de se demander si Opera Software a choisi un modèle économique suffisamment viable pour assurer la pérennité de son navigateur alternatif.

La version 7 d'Opera, qui est en fait une suite Internet comprenant aussi un client email, a introduit beaucoup d'innovations par rapport la version précédente. Opera 7 est disponible pour les plates-formes Windows et UNIX, en préparation pour Mac OS X et en français depuis la version 7.11. La version bêta 11 d'Opera 7.20, réservée aux bêta testeurs se retrouvant sur les forums d'Opera, embarque maintenant les Google Ads, des liens hypertextes sponsorisés en relation directe avec la page affichée dans la fenêtre du navigateur. Ces liens apparaissent sous forme de texte dans l'espace habituellement occupé par le bandeau publicitaire graphique (voir capture). Une ligne en bas du bandeau propose des liens apparentés (Related Search) finie par un lien vers le service Google Ad.

Opera affirme filtrer les URL des pages visitées et ne pas réexpédier les mots de passe, le contenu des formulaires, les pages sécurisées et les protocoles non HTTP, ainsi que les adresses IP internes. Quand le service publicitaire de Google ne fournit pas de lien au navigateur,s ce sont les bandeaux classiques qui sont affichés (par exemple en cas de suspicion de consultation de contenu pornographique). Pour le bandeau publicitaire classique d'Opera, un numéro identifiant unique est déjà fournit par Opera Software qui réfute pourtant la qualification de spyware, ce qui n'empêchait pas le site « The Inquirer » de trouver, voici 6 mois, à la DLL pgpmn.dll liée au bandeau publicitaire un comportement suspect.

Cliquer pour l'image entière et la transcription du texte [D]

Ce n'est pourtant rien à côté des accusations récurrentes et circonstanciées portées contre Google et sa GoogleBar par les défenseurs de la vie privée. La part d'audience atteinte par le moteur de recherche américain rend d'autant plus préoccupant le manque de clarté de l'entreprise sur sa politique de collecte et de conservation des données. Le service Google Ads dont l'activation est proposée en fin d'installation du futur Opera (actuellement uniquement en anglais, voir capture ci-contre) abonde la base de données mondiale, non seulement lors des requêtes au moteur de recherche, mais aussi, à l'instar de la GoogleBar, à chaque nouvelle page visitée. Grâce à l'adresse IP attribuée au PC lors de toute connexion, Google peut enregistrer tout le parcourt de l'internaute et constituer un profil du titulaire du numéro IP (ce qu'il fait déjà à une petite échelle pour la personnalisation des liens proposés).

Les conditions de l'exploitation des données indirectement nominatives recueillies pourraient effrayer les utilisateurs potentiels d'Opera. Le modèle économique de l'éditeur norvégien semblait déjà assez fragile. La société norvégienne a choisi un marché où la concurrence est nombreuse et souvent déséquilibrée. Il lui est difficile de vendre son navigateur alors que, d'un côté aussi bien Microsoft qu'Apple présentent leur navigateur comme gratuit et l'utilise comme produit d'appel de leur système d'exploitation respectif et d'un autre côté, Opera rencontre aussi la concurrence des logiciels libres gratuits et dont le code est transparent et modifiable. Les navigateurs open source basés sur le code de Mozilla ou de KHTML fournissent des produits de très bonne qualité, gratuits et sans bandeau publicitaire.

De plus, Opera Software semble disperser son effort de développement pour des plates-formes ultra minoritaires où la concurrence est forte. Pendant que les grands portails Web ont dû diversifier leurs sources de revenus pour ne plus être otages du marché publicitaire atone, la société Opera Software ne semble malheureusement pas avoir trouvé, elle, de solution idéale pour assurer la pérennité de son navigateur. Le marché de l'internet mobile sur lequel Opera propose de bons produits est étroit et la concurrence, bien que différente du monde des PC, y est bien présente. Espérons que le recours aux liens sponsorisés de Google ne soit pas le signe d'une fuite en avant d'une société aux abois, comme pourrait le suggérer une communication d'entreprise que l'excès de superlatifs rend suspecte. Mais que cette diversification de ses sources de financement lui permette de tenir jusqu'à ce qu'émergent vraiment les nouveaux marchés sur lesquels elle s'est déjà positionnée.

Si, par prudence, on désactive les Google Ads — « File > Preferences > Advertising > Show generic selection of graphical ads » à la place de « Show relevant text ads » — la version 7.20 d'Opera améliore sensiblement la version 7.1 d'un navigateur Web remarqué et remarquable.

Barre de navigation d'Opera 7.20 beta 11 avec incluse les liens 'Google ads'
Exemple de liens sponsorisés envoyés par Google dans la barre de navigation d'Opera 7.20 bêta 11 lors de la visite d'une boutique en ligne de matériel informatique

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